jeudi 24 février 2022

France Info vérifie pour discréditer, semer le doute ou pour informer ?

« Vrai ou fake

« Vrai ou fake Présidentielle : on a vérifié sept affirmations de Jean-Luc Mélenchon dans "Élysée 2022" »

« Au cours de l'émission, jeudi, le candidat d'extrême gauche à la présidentielle a fait une déclaration fausse, quelques-unes correctes et a tenu des propos imprécis. »

France Télévisions
Publié

>> Présidentielle : les séquences à retenir du passage de Jean-Luc Mélenchon dans "Elysée 2022"

« Le candidat de La France insoumise a fait quelques déclarations qui méritent des vérifications ou des éclaircissements. Parfois, ses affirmations se sont révélées inexactes, fausses ou invérifiables. D'autres sont correctes, mais méritent une mise en contexte. Voici sept citations de Jean-Luc Mélenchon examinées par notre cellule Vrai ou Fake. »

Avant toute chose, tordons le cou à la qualification "d'extrême gauche donné par France Info, comme tous les autres médias mainstream, tout comme la seconde grosse ficelle qui consiste à citer LFI/UP et RN et Zemmour en groupe de façon à accréditer l'idée que nous sommes d'accord avec l'extrême droite. Que nos adversaires se battent comme nous, à partir des idées, les vraies et qu'ils discutent de « L'Avenir en Commun » !

Défi relevé : nous faisons notre comparatif via le tableau ci-dessous :

Affirmations de France Info
Notre commentaire
1 - Sur l'origine de la pandémie de Covid-19

"Quelle est la principale cause ? Elle est sociale. Un modèle agricole qui conduit à la déforestation, qui amène les animaux sauvages vers les animaux domestiques qui passent des virus qui les passent ensuite aux êtres humains. Ça s'appelle la zoonose."

Jean-Luc Mélenchon dans "Elysée 2022"

Une origine animale du Sars-CoV-2, qui provoque le Covid-19, est en effet une des deux pistes d'explication de l'apparition de la pandémie, comme l'expliquait notre article sur l'enquête sur l'origine du virus. Elle n'est pas la seule, mais elle est privilégiée par la communauté scientifique par rapport à la seconde hypothèse, celle d'un accident de laboratoire.

Est-ce lié à la déforestation ? C'est ce qu'affirment les scientifiques qui traquent les virus émergents, comme dans ce reportage datant d'avril dernier. En rapprochant les animaux sauvages des lieux d'habitation, la déforestation aggrave le risque de zoonoses, c'est-à-dire le passage de virus depuis les animaux vers les hommes.

Il faut remarquer que JLM précise d'entrée que la zoonose est "la principale cause de la propagation du virus".

France Info confirme ! Où est le problème ?

2 - Sur la recherche sur les coronavirus

"On a arrêté [la recherche fondamentale] depuis 2008 sur la catégorie de virus qu'il y a actuellement parce que ça coûtait trop cher."

Jean-Luc Mélenchon dans "Élysée 2022"

En France, les recherches sur les coronavirus ont commencé au début des années 2000, au moment de l'apparition du Sras, rappelle le site The Conversation. Après l'épidémie, "l'intérêt pour le Sars-CoV avait disparu. (...) Nous avons alors eu du mal à financer nos recherches", a concédé Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des coronavirus, dans Le Monde (article payant). Toutefois, les recherches sur les coronavirus en France ne se sont pas totalement arrêtées, rappelle The Conversation.

Effectivement, Le député Alexis Corbières avait déjà alerté sur la question... Mais le site The Conversation conclu son article de la façon suivante : « En définitive, les recherches sur les coronavirus en France ne se sont pas arrêtées en 2014, mais les équipes qui travaillaient sur le sujet n’avaient pas tous les moyens nécessaires pour faire progresser les connaissances et se préparer à une pandémie. Pour avancer, la recherche a besoin de financements stables et récurrents et de temps pour accumuler des résultats qui ne semblent pas immédiatement applicables en dehors des laboratoires. »

Alors, oui les financements sont arrêtés et la recherche ne peut pas avancer sans financement ! À moins que France Info soit plus malin que les chercheurs...

Là encore Où est le problème ?

3 - Sur le nombre de sans-abri

"Ça a doublé au cours des deux derniers quinquennats, on est passé de 120 000 personnes à 300 000. Maintenant, nous avons 2 000 personnes par an qui meurent dans la rue."

Jean-Luc Mélenchon dans "Elysée 2022"

Le nombre de personnes dans la rue en France avancé par Jean-Luc Mélenchon correspond à peu de chose près à une estimation de la Fondation Abbé Pierre en 2020 : celle-ci comptait alors 328 000 personnes sans domicile et comparait son décompte à celui de l'Insee en 2012, qui en dénombrait alors 143 000. Elle observe donc une évolution plus forte encore qu'un doublement.

Dans Le Monde (article payant), la Fondation Abbé Pierre apportait une nuance : "Il ne s’agit pas d’une enquête Insee, et la différence de méthodologie n’autorise donc pas complètement une comparaison. Toutefois, l’augmentation est si spectaculaire que l’ordre de grandeur de la hausse est avéré." Par ailleurs, ces deux recensements ne se limitent pas aux personnes actuellement sans abri : près de 90% n'ont pas de domicile mais sont des personnes en "hébergement généraliste" ou "hébergées dans le dispositif national d’accueil".

Le décompte du nombre de morts chaque année dans la rue est plus incertain, comme l'a déjà expliqué LCI. En 2020, le collectif Les Morts de la rue comptait 670 décès de personnes sans domicile ou anciennement sans domicile. Mais il affirme que ce nombre est largement sous-estimé, du fait de la difficulté de les recenser. Une étude de l'Inserm entre 2008 et 2010 calculait que les décomptes de ce collectif étaient sous-estimés de 83%. En appliquant ce pourcentage au chiffre de 2020, on arrive à un bilan proche de 3 500 morts, supérieur à celui donné par Jean-Luc Mélenchon. Mais ce calcul est approximatif, car l'efficacité du recensement a pu évoluer depuis 2010.

D'après France Info, la Fondation Abbé Pierre aurait estimé à 328000 le nombre des personnes sans domicile. L'ennui, c'est que nous avons repris les chiffres cités dans l'estimation en question : nous comptons 244 200€ sans domicile !

Nous en déduisons donc que les journalistes de France Info n'ont pas vérifié le chiffre de 300 000 utilisé dans le titre de l'article en question : c'est un peu ballot pour des professionnels censés vérifier les infos !

Bilan : Plantage de France Info qui annonce 328 000 €, alors que l'article table sur 300 000 € et qu'en fait, en additionnant tous les montants cités nous arrivons à 244 200 €

Conclusion :
  1. France Info ne sait pas compter
  2. France Info ne vérifie pas les sources
  3. Finalement JLM n'a fait que donner fidèlement les chiffres de la Fondation
Où est le problème ?
4 - Sur la répartition des richesses

"Cinq personnes possèdent autant que 27 millions de Français."

Jean-Luc Mélenchon dans "Elysée 2022"

Le candidat de La France insoumise n'a pas expliqué sur quelles sources il basait son calcul. Selon l'estimation du magazine Capital, les fortunes additionnées des cinq Français les plus riches en 2021 (Bernard Arnault, Axel Dumas, Françoise Bettencourt Meyers, Alain et Gérard Wertheimer) représentent 361,45 milliards d'euros.

La fortune estimée de ces cinq Français est effectivement plus importante que le patrimoine des 27 millions de Français qui en ont le moins (40% de la population). En faisant la moyenne des quatre premiers déciles de ce tableau de l'Insee (les 40 premiers pourcents), on obtient un patrimoine net moyen de 12 875 euros. 

Multiplié par 27 millions, le total atteint 347,63 milliards d'euros. Moins que la fortune cumulée des cinq Français évoqués plus haut. Rappelons, cependant, que le classement de Capital est une estimation : il serait plus exact de comparer deux totaux calculés de la même manière, mais l'Insee ne calcule pas la fortune individuelle des Français les plus riches.

France Info fait très fort sur ce point !
    1. Après bien des circonvolutions, il trouve que finalement les 5 plus grosses fortunes de France cumulent 361,45 milliards €
    2. C'est bien plus que le patrimoine cumulé de 27 millions de Français. Donc JLM dit vrai !
    3. Pour faire bonne mesure le média du service public préfèrerait que l'on puisse « comparer des totaux calculés de la même manière », bien qu'impossible puisque « l'Insee ne calcule pas la fortune individuelle des Français les plus riches. » Il y en a qui parlent pour ne rien dire et d'autre qui écrivent pour ne rien dire...  
Conclusion : le paragraphe 4 n'a pas lieu d'être puisqu'il n'explique rien !

Où est le problème ?

5 - Sur l'espérance de vie en bonne santé

"On vit plus longtemps parce qu'on travaille moins longtemps. Et depuis qu'on travaille plus longtemps, ou plutôt qu'on a inscrit des gens au chômage plus longtemps, la situation se dégrade et il y a un recul de l'espérance de vie."

Jean-Luc Mélenchon dans "Elysée 2022"

C'est ce qu'a affirmé Jean-Luc Mélenchon pour appuyer sa volonté de ramener l'âge de départ à la retraite à 60 ans. Un peu plus tôt, développant ce raisonnement, il avait évoqué plus précisément "l'espérance de vie en bonne santé" :

"Ce n'est pas gratuit de garder les gens au travail. Parce que comme ils ne peuvent pas trouver de travail, ils vont donc à l'assurance-chômage. Comme ils ne trouvent pas de travail, et qu'ils sont malheureux, ils tombent malades. Et l'espérance de vie en bonne santé recule. Ça, ce sont des faits."

Jean-Luc Mélenchon dans "Elysée 2022"

Ce n'est pourtant pas ce que montrent les données de l'Insee, qui a mesuré "le nombre d'années en bonne santé qu'une personne peut s'attendre à vivre (à la naissance), compte tenu des conditions sanitaires du moment". En 2019, l'espérance de vie en bonne santé était de 63,7 ans pour un homme et de 64,6 ans pour une femme. A titre de comparaison, en 2010, cet indicateur se situait à 61,8 pour les hommes et 63,3 ans pour les femmes.

Certes, les chiffres concernant "l'espérance de vie en bonne santé" ne sont pas contestables. Mais mal vivre, mal se soigner, mal manger sont incontestablement des raisons suffisantes pour abaisser à terme "l'espérance de vie en bonne santé". Dans ce domaine, c'est l'avenir qui le dira...

Il est incontestable que la crise de la Covid et la dégradation des conditions de vie créée par la crise capitaliste iront dans le sens d'un abaissement des chiffres dans les années qui viennent.

Le problème n'est pas au niveau des chiffres actuels, mais se révélera dans ceux des années à venir !

6 - Sur le broyage des poussins mâles


"On en broie vifs 50 millions [de poussins mâles] par an. On devait arrêter [cette pratique] au 1er janvier, à la fin du mois de janvier, on a vu arriver un décret qui dit que ça pourra continuer encore jusqu'à la fin de l'année. Eh bien, je ne suis plus d'accord avec ce genre de choses."

Jean-Luc Mélenchon dans "Elysée 2022"

L'interdiction du broyage des poussins mâles devait effectivement entrer en vigueur au 1er janvier 2022, comme nous l'avions révélé en juillet dernier. Un décret paru le 6 février au Journal officiel a finalement acté l'interdiction de cette pratique, mais en accordant un délai aux couvoirs pour changer leurs pratiques.

Les producteurs ont jusqu'au 31 décembre 2022 pour s'équiper en machines d'ovosexage. Cet équipement permet de déterminer le sexe des embryons dans l'œuf et donc d'éliminer les mâles avant éclosion. Selon le décret, les couvoirs devront justifier pendant l'année qu'ils ont bien commandé ces machines d'ovosexage et engagé les travaux pour les installer. Une amende est prévue pour les contrevenants.

France Info aurait économisé de l'encre en n'écrivant pas ce paragraphe puisqu'elle dit excatement la même chose !

Où est le problème ?

7 - Sur le nucléaire et les EP R


"L'unique l'EPR [ne] marche toujours pas dans notre pays. Ni d'ailleurs nulle part dans le monde."

Jean-Luc Mélenchon dans "Elysée 2022"

Jean-Luc Mélenchon est revenu sur le souhait d'Emmanuel Macron de faire construire six réacteurs de nouvelle génération EPR2. Le candidat insoumis a fait référence au chantier de Flamanville (Manche), "l'unique EPR qui marche d'ailleurs toujours pas dans notre pays", "ni d'ailleurs nulle part dans le monde". En France, l'EPR de Flamanville est effectivement toujours en cours de construction et totalise désormais 11 ans de retard. En chantier depuis 2007, il doit désormais être livré au "second trimestre 2023", a annoncé le groupe EDF le 12 janvier

A l'étranger, l'électricien finlandais TVO a annoncé le 3 février reporter d'un mois la production d'électricité du réacteur nucléaire EPR d'Olkiluoto-3, douze ans après la date de mise en service prévue initialement. Le chantier d'Hinkley Point, au Royaume-Uni, accuse également des retards.

Au final, seuls deux réacteurs EPR sont entrés en fonctionnement dans le monde, ceux de la centrale de Taishan en Chine. L'un d'eux a toutefois été mis à l'arrêt en juillet 2021 à la suite d'un incident.

On prend les mêmes et on recommence !

Si l'on tient compte que l'un des deux EPR qui sont en Chine fonctionne à 20% de sa capacité et que l'autre est à l'arrêt (comme l'écrivent les auteurs de l'article), il faut bien reconnaître que l'EPR est plus proche de l'échec cuisant et... très onéreux.

Conclusion : Où est le problème ?

Conclusion

À l'analyse, finalement, on ne peut que se demander pourquoi France Info a commis un article qui donne 6 fois raisons à JLM et laisse le doute sur un seul point : celui de l'espérance de vie en bonne santé.

En spéculant sur la véracité des affirmations documentées de JLM que recherchait les deux journalistes ?

      • La mise en évidence des erreurs (à minima) de JLM ?
      • Semer le doute dans les esprits ?

Chacun y répondra, après avoir pris connaissances des arguments contenus dans le tableau ci-dessus...

En ce qui nous concerne, nous sommes sidérés que le service public qu'est France-télévisions se comporte avec une telle médiocrité !

Copie à revoir et là c'est un problème

pour la Rédaction !

Présidentielle : on a vérifié sept affirmations de Jean-Luc Mélenchon dans "Élysée 2022" »

« Au cours de l'émission, jeudi, le candidat d'extrême gauche à la présidentielle a fait une déclaration fausse, quelques-unes correctes et a tenu des propos imprécis. »

France Télévisions
Publié

>> Présidentielle : les séquences à retenir du passage de Jean-Luc Mélenchon dans "Elysée 2022"

« Le candidat de La France insoumise a fait quelques déclarations qui méritent des vérifications ou des éclaircissements. Parfois, ses affirmations se sont révélées inexactes, fausses ou invérifiables. D'autres sont correctes, mais méritent une mise en contexte. Voici sept citations de Jean-Luc Mélenchon examinées par notre cellule Vrai ou Fake. »

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Défi relevé : nous faisons notre comparatif via le tableau ci-dessous :


Affirmations de France Info
Notre commentaire
1 - Sur l'origine de la pandémie de Covid-19

"Quelle est la principale cause ? Elle est sociale. Un modèle agricole qui conduit à la déforestation, qui amène les animaux sauvages vers les animaux domestiques qui passent des virus qui les passent ensuite aux êtres humains. Ça s'appelle la zoonose."

Jean-Luc Mélenchon dans "Elysée 2022"

Une origine animale du Sars-CoV-2, qui provoque le Covid-19, est en effet une des deux pistes d'explication de l'apparition de la pandémie, comme l'expliquait notre article sur l'enquête sur l'origine du virus. Elle n'est pas la seule, mais elle est privilégiée par la communauté scientifique par rapport à la seconde hypothèse, celle d'un accident de laboratoire.

Est-ce lié à la déforestation ? C'est ce qu'affirment les scientifiques qui traquent les virus émergents, comme dans ce reportage datant d'avril dernier. En rapprochant les animaux sauvages des lieux d'habitation, la déforestation aggrave le risque de zoonoses, c'est-à-dire le passage de virus depuis les animaux vers les hommes.

Il faut remarquer que JLM précise d'entrée que la zoonose est "la principale cause de la propagation du virus".

France Info confirme ! Où est le problème ?

2 - Sur la recherche sur les coronavirus

"On a arrêté [la recherche fondamentale] depuis 2008 sur la catégorie de virus qu'il y a actuellement parce que ça coûtait trop cher."

Jean-Luc Mélenchon dans "Élysée 2022"

En France, les recherches sur les coronavirus ont commencé au début des années 2000, au moment de l'apparition du Sras, rappelle le site The Conversation. Après l'épidémie, "l'intérêt pour le Sars-CoV avait disparu. (...) Nous avons alors eu du mal à financer nos recherches", a concédé Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des coronavirus, dans Le Monde (article payant). Toutefois, les recherches sur les coronavirus en France ne se sont pas totalement arrêtées, rappelle The Conversation.

Effectivement, Le député Alexis Corbières avait déjà alerté sur la question... Mais le site The Conversation conclu son article de la façon suivante : « En définitive, les recherches sur les coronavirus en France ne se sont pas arrêtées en 2014, mais les équipes qui travaillaient sur le sujet n’avaient pas tous les moyens nécessaires pour faire progresser les connaissances et se préparer à une pandémie. Pour avancer, la recherche a besoin de financements stables et récurrents et de temps pour accumuler des résultats qui ne semblent pas immédiatement applicables en dehors des laboratoires. »

Alors, oui les financements sont arrêtés et la recherche ne peut pas avancer sans financement ! À moins que France Info soit plus malin que les chercheurs...

Là encore Où est le problème ?

3 - Sur le nombre de sans-abri

"Ça a doublé au cours des deux derniers quinquennats, on est passé de 120 000 personnes à 300 000. Maintenant, nous avons 2 000 personnes par an qui meurent dans la rue."

Jean-Luc Mélenchon dans "Elysée 2022"

Le nombre de personnes dans la rue en France avancé par Jean-Luc Mélenchon correspond à peu de chose près à une estimation de la Fondation Abbé Pierre en 2020 : celle-ci comptait alors 328 000 personnes sans domicile et comparait son décompte à celui de l'Insee en 2012, qui en dénombrait alors 143 000. Elle observe donc une évolution plus forte encore qu'un doublement.

Dans Le Monde (article payant), la Fondation Abbé Pierre apportait une nuance : "Il ne s’agit pas d’une enquête Insee, et la différence de méthodologie n’autorise donc pas complètement une comparaison. Toutefois, l’augmentation est si spectaculaire que l’ordre de grandeur de la hausse est avéré." Par ailleurs, ces deux recensements ne se limitent pas aux personnes actuellement sans abri : près de 90% n'ont pas de domicile mais sont des personnes en "hébergement généraliste" ou "hébergées dans le dispositif national d’accueil".

Le décompte du nombre de morts chaque année dans la rue est plus incertain, comme l'a déjà expliqué LCI. En 2020, le collectif Les Morts de la rue comptait 670 décès de personnes sans domicile ou anciennement sans domicile. Mais il affirme que ce nombre est largement sous-estimé, du fait de la difficulté de les recenser. Une étude de l'Inserm entre 2008 et 2010 calculait que les décomptes de ce collectif étaient sous-estimés de 83%. En appliquant ce pourcentage au chiffre de 2020, on arrive à un bilan proche de 3 500 morts, supérieur à celui donné par Jean-Luc Mélenchon. Mais ce calcul est approximatif, car l'efficacité du recensement a pu évoluer depuis 2010.

D'après France Info, la Fondation Abbé Pierre aurait estimé à 328000 le nombre des personnes sans domicile. L'ennui, c'est que nous avons repris les chiffres cités dans l'estimation en question : nous comptons 244 200€ sans domicile !

Nous en déduisons donc que les journalistes de France Info n'ont pas vérifié le chiffre de 300 000 utilisé dans le titre de l'article en question : c'est un peu ballot pour des professionnels censés vérifier les infos !

Bilan : Plantage de France Info qui annonce 328 000 €, alors que l'article table sur 300 000 € et qu'en fait, en additionnant tous les montants cités nous arrivons à 244 200 €

Conclusion :
  1. France Info ne sait pas compter
  2. France Info ne vérifie pas les sources
  3. Finalement JLM n'a fait que donner fidèlement les chiffres de la Fondation
Où est le problème ?
4 - Sur la répartition des richesses

"Cinq personnes possèdent autant que 27 millions de Français."

Jean-Luc Mélenchon dans "Elysée 2022"

Le candidat de La France insoumise n'a pas expliqué sur quelles sources il basait son calcul. Selon l'estimation du magazine Capital, les fortunes additionnées des cinq Français les plus riches en 2021 (Bernard Arnault, Axel Dumas, Françoise Bettencourt Meyers, Alain et Gérard Wertheimer) représentent 361,45 milliards d'euros.

La fortune estimée de ces cinq Français est effectivement plus importante que le patrimoine des 27 millions de Français qui en ont le moins (40% de la population). En faisant la moyenne des quatre premiers déciles de ce tableau de l'Insee (les 40 premiers pourcents), on obtient un patrimoine net moyen de 12 875 euros. 

Multiplié par 27 millions, le total atteint 347,63 milliards d'euros. Moins que la fortune cumulée des cinq Français évoqués plus haut. Rappelons, cependant, que le classement de Capital est une estimation : il serait plus exact de comparer deux totaux calculés de la même manière, mais l'Insee ne calcule pas la fortune individuelle des Français les plus riches.

France Info fait très fort sur ce point !
    1. Après bien des circonvolutions, il trouve que finalement les 5 plus grosses fortunes de France cumulent 361,45 milliards €
    2. C'est bien plus que le patrimoine cumulé de 27 millions de Français. Donc JLM dit vrai !
    3. Pour faire bonne mesure le média du service public préfèrerait que l'on puisse « comparer des totaux calculés de la même manière », bien qu'impossible puisque « l'Insee ne calcule pas la fortune individuelle des Français les plus riches. » Il y en a qui parlent pour ne rien dire et d'autre qui écrivent pour ne rien dire...  
Conclusion : le paragraphe 4 n'a pas lieu d'être puisqu'il n'explique rien !

Où est le problème ?

5 - Sur l'espérance de vie en bonne santé

"On vit plus longtemps parce qu'on travaille moins longtemps. Et depuis qu'on travaille plus longtemps, ou plutôt qu'on a inscrit des gens au chômage plus longtemps, la situation se dégrade et il y a un recul de l'espérance de vie."

Jean-Luc Mélenchon dans "Elysée 2022"

C'est ce qu'a affirmé Jean-Luc Mélenchon pour appuyer sa volonté de ramener l'âge de départ à la retraite à 60 ans. Un peu plus tôt, développant ce raisonnement, il avait évoqué plus précisément "l'espérance de vie en bonne santé" :

"Ce n'est pas gratuit de garder les gens au travail. Parce que comme ils ne peuvent pas trouver de travail, ils vont donc à l'assurance-chômage. Comme ils ne trouvent pas de travail, et qu'ils sont malheureux, ils tombent malades. Et l'espérance de vie en bonne santé recule. Ça, ce sont des faits."

Jean-Luc Mélenchon dans "Elysée 2022"

Ce n'est pourtant pas ce que montrent les données de l'Insee, qui a mesuré "le nombre d'années en bonne santé qu'une personne peut s'attendre à vivre (à la naissance), compte tenu des conditions sanitaires du moment". En 2019, l'espérance de vie en bonne santé était de 63,7 ans pour un homme et de 64,6 ans pour une femme. A titre de comparaison, en 2010, cet indicateur se situait à 61,8 pour les hommes et 63,3 ans pour les femmes.

Certes, les chiffres concernant "l'espérance de vie en bonne santé" ne sont pas contestables. Mais mal vivre, mal se soigner, mal manger sont incontestablement des raisons suffisantes pour abaisser à terme "l'espérance de vie en bonne santé". Dans ce domaine, c'est l'avenir qui le dira...

Il est incontestable que la crise de la Covid et la dégradation des conditions de vie créée par la crise capitaliste iront dans le sens d'un abaissement des chiffres dans les années qui viennent.

Le problème n'est pas au niveau des chiffres actuels, mais se révélera dans ceux des années à venir !

6 - Sur le broyage des poussins mâles


"On en broie vifs 50 millions [de poussins mâles] par an. On devait arrêter [cette pratique] au 1er janvier, à la fin du mois de janvier, on a vu arriver un décret qui dit que ça pourra continuer encore jusqu'à la fin de l'année. Eh bien, je ne suis plus d'accord avec ce genre de choses."

Jean-Luc Mélenchon dans "Elysée 2022"

L'interdiction du broyage des poussins mâles devait effectivement entrer en vigueur au 1er janvier 2022, comme nous l'avions révélé en juillet dernier. Un décret paru le 6 février au Journal officiel a finalement acté l'interdiction de cette pratique, mais en accordant un délai aux couvoirs pour changer leurs pratiques.

Les producteurs ont jusqu'au 31 décembre 2022 pour s'équiper en machines d'ovosexage. Cet équipement permet de déterminer le sexe des embryons dans l'œuf et donc d'éliminer les mâles avant éclosion. Selon le décret, les couvoirs devront justifier pendant l'année qu'ils ont bien commandé ces machines d'ovosexage et engagé les travaux pour les installer. Une amende est prévue pour les contrevenants.

France Info aurait économisé de l'encre en n'écrivant pas ce paragraphe puisqu'elle dit excatement la même chose !

Où est le problème ?

7 - Sur le nucléaire et les EP R


"L'unique l'EPR [ne] marche toujours pas dans notre pays. Ni d'ailleurs nulle part dans le monde."

Jean-Luc Mélenchon dans "Elysée 2022"

Jean-Luc Mélenchon est revenu sur le souhait d'Emmanuel Macron de faire construire six réacteurs de nouvelle génération EPR2. Le candidat insoumis a fait référence au chantier de Flamanville (Manche), "l'unique EPR qui marche d'ailleurs toujours pas dans notre pays", "ni d'ailleurs nulle part dans le monde". En France, l'EPR de Flamanville est effectivement toujours en cours de construction et totalise désormais 11 ans de retard. En chantier depuis 2007, il doit désormais être livré au "second trimestre 2023", a annoncé le groupe EDF le 12 janvier

A l'étranger, l'électricien finlandais TVO a annoncé le 3 février reporter d'un mois la production d'électricité du réacteur nucléaire EPR d'Olkiluoto-3, douze ans après la date de mise en service prévue initialement. Le chantier d'Hinkley Point, au Royaume-Uni, accuse également des retards.

Au final, seuls deux réacteurs EPR sont entrés en fonctionnement dans le monde, ceux de la centrale de Taishan en Chine. L'un d'eux a toutefois été mis à l'arrêt en juillet 2021 à la suite d'un incident.

On prend les mêmes et on recommence !

Si l'on tient compte que l'un des deux EPR qui sont en Chine fonctionne à 20% de sa capacité et que l'autre est à l'arrêt (comme l'écrivent les auteurs de l'article), il faut bien reconnaître que l'EPR est plus proche de l'échec cuisant et... très onéreux.

Conclusion : Où est le problème ?

Conclusion

À l'analyse, finalement, on ne peut que se demander pourquoi France Info a commis un article qui donne 6 fois raisons à JLM et laisse le doute sur un seul point : celui de l'espérance de vie en bonne santé.

En spéculant sur la véracité des affirmations documentées de JLM que recherchait les deux journalistes ?

      • La mise en évidence des erreurs (à minima) de JLM ?
      • Semer le doute dans les esprits ?

Chacun y répondra, après avoir pris connaissances des arguments contenus dans le tableau ci-dessus...

En ce qui nous concerne, nous sommes sidérés que le service public qu'est France-télévisions se comporte avec une telle médiocrité !

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