mardi 10 août 2021

Quand la liberté de tous rejoint la liberté de chacun !

La prise de parole de Raphaël Manzanas, le 24/07/2021

Cet après midi, j'avais commencé une prise de parole face aux mille personnes venues à Angoulême contre le passe sanitaire. Parmi elles, des patriotes qui criaient "liberté" sans écouter l'autre.

Voici le contenu du discours. J'ai dû m'arrêter aux mots " droits des étrangers ".

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Citoyennes, citoyens,

Au creux des vagues de luttes sociales, nous sommes sur la défensive, de droite en droite, nous reculons, nos droits reculent.

  • Droits pour nos retraites malgré notre devoir de solidarité

  • Droits pour les étrangers malgré notre devoir d’asile

  • Droits à être soignés, logés, accueillis

MAIS,

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Cette déclaration valait bien mieux que ces sifflets honteux, dont se réjouissent certains, qui ont censuré le propos. C'est la première raison qui me conduit à reprendre ce texte. La seconde c'est qu'il pose de bonnes questions et qu'il ne peut que porter à la réflexion.

La Charente Libre édition du 07/08/2021
L'essentiel du débat porte sur LA liberté et LES libertés : réflexion politique et philosophique. De plus des infox très nombreuses faussent la discussion et font dévier l'objet des avis contraires. Enfin, on ne peut pas réfléchir sainement et confronter les arguments lorsqu'ils sont parasités par des comparaisons hors de propos et des arguties qui n'ont pour but que les raisons des uns ou des autres.
 
Comme on pouvait le craindre, le Conseil Constitutionnel a fait semblant d'intervenir et a « oublié » les principes constitutionnels. Il a donc essayé de donner le change :
  • Il ne sera pas possible, pour les employeurs, de rompre avant leur terme les contrats à durée déterminée (CDD) de salariés ou agents publics soumis au passe sanitaire mais qui n’en disposeraient pas, le Conseil constitutionnel refusant de créer « une différence de traitement entre les salariés selon la nature de leur contrat de travail ». Comme les salariés en CDI, ceux qui travaillent en CDD pourront cependant voir leur contrat « suspendu » et le versement de leur salaire interrompu.
  • D’autre part, le Conseil constitutionnel censure le mécanisme de placement automatique « à l’isolement », pour dix jours, de toute personne testée positive au Covid-19. L’article 9 de la loi prévoyait que ces personnes soumises à une quarantaine aient interdiction de quitter leur lieu d’hébergement, sauf de 10 heures à midi et « en cas d’urgence ou pour des déplacements strictement indispensables », sous le contrôle de l’assurance-maladie et éventuellement du préfet. Elles auraient pu contester les modalités de leur isolement devant le juge des libertés et de la détention. Mais, pour le Conseil constitutionnel, cette « privation de liberté » sans individualisation n’est pas encadrée d’une manière « nécessaire, adaptée et proportionnée ». (in Médiapart 05/08/2021)
Image : Mbzt / Wikimedia
L
e Conseil Constitutionnel
se garde bien d'intervenir sur la formulation - qu'il doit considérer comme « nécessaire, adaptée et proportionnée » - concernant l'accès aux soins dans les hôpitaux. La formulation reste floue et prête à toutes les subjectivités, puisqu'il s'agit d'apprécier si les soins ou la consultation sont urgents. Quels sont les critères ? Qui décide ? Mais rassurons-nous, le ministre de la santé, Olivier Véran, assure avec beaucoup de sérieux que l'accès aux urgences ne sera pas conditionné par le pass sanitaire !
Comment tolérer que des travailleurs soient mis à pied et donc perdent leur salaire parce qu'ils n'ont pas le pass sanitaire ? Ils ne seront pas licenciés, nous dit-on : de qui se moque-t-on ? Le code du travail a été foulé au pied et la ministre Élisabeth Borne affirme avec calme le contraire !

Bref, le Conseil Constitutionnel, comme la presse sont carrément sur le déclin et il sera utile au lecteur de prendre connaissance de l'excellent billet de intitulé « La crise sanitaire a révélé l’inquiétant déclin du journalisme »

Se sauver soi-même ou nous sauver nous-mêmes ?

Vision individualiste ou conception collective de la liberté ? Là est le nœud du débat. En effet, on ne peut pas considérer que la somme des libertés individuelles constituent la liberté collective ! Si c'était le cas, alors on considérerait que la liberté de tuer, par exemple, ferait partie de la collection interminable des libertés des uns et des autres. Nous le savons bien, cette soi-disant « liberté » n'est pas possible, car contraire à l'intérêt collectif, à tel point que la loi l'interdit ! De même la « liberté » de ne pas aimer les juifs conduirait à légaliser le racisme ! Là encore la loi s'est prononcée : « Le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit » Mais aussi la « liberté » de déposséder quelqu'un de ses biens (dans la Vième République la propriété privée est un droit), etc...

Manifestation à Angoulême
C'est donc bien au niveau de la communauté humaine que se définit la liberté et c'est bien à cette échelle que les libertés doivent être défendues. C'est bien de la liberté collective dont on parle. Elle concerne tout le monde, sans léser quiconque. Dans le cas du vaccin obligatoire et du pass sanitaire, il ne s'agit pas de ça et ça vaut dans les deux cas. Voyons cela du point de vue de la formulation :
      • je n'ai pas le pass et donc je n'ai pas le droit d'aller au restaurant, par exemple, parce que la liberté de ceux qui l'ont me l'impose,
      • j'ai le pass et je peux aller au restaurant, par exemple, mais aussi transmettre le virus aux autres (vaccinés ou pas),
      • je n'ai pas le pass et je peux contaminer les autres et je ne peux pas aller au restaurant, mais les autres oui et ils peuvent me contaminer,
      • j'ai le pass, je suis libre, je peux contaminer les autres et j'ai un document (le pass) qui me permet de restreindre la liberté de ceux qui ne l'ont pas.

Dans ces 4 formulations où est la liberté ? Qui la respecte ? Objectivement, la conclusion est bien que le pass sanitaire ne résout rien et tord le cou aux libertés quelles qu'elles soient ! Nous le voyons bien, le combat pour les libertés est une lutte collective qui vise au bien de tous.

Comment nous y retrouver, nous les citoyens ordinaires, dans la guerre incessante que se livrent les scientifiques et les partisans du pass obligatoire ou pas ?
 
Chacun est à même de le constater : il nous est impossible de prendre une position argumentée, tant les avis sont sans fin, contradictoires, fondés sur des méthodes et des critères qui ne sont pas énoncés ou qui sont absents. Les scientifiques eux-mêmes, les spécialistes en épidémiologie, en vaccinologie, les médecins, les professeurs de médecine ont beaucoup de mal à se mettre d'accord et souvent n'y arrivent pas et pourtant ils procèdent tous de la démarche scientifique. Ces désaccords procèdent de la science et permettent qu'elle avance. Mais alors qu'est-ce qui ne va pas ? Ce qui fait défaut n'est pas de l'ordre scientifique, mais de ce que l'on en fait et de l'endroit où on les énoncent !
 
Le Conseil de défense sanitaire
N
ous sommes là au cœur de l'instrumentalisation du débat scientifique qui habituellement se déroule dans le cercle très fermé des scientifiques, habitués à ces nécessaires différences qui les font avancer et qui permet que le fait scientifique finisse pas émerger et devienne incontestable, jusqu'au moment où des éléments nouveaux pourront remettre en cause les acquis et remettront en route le processus de la confrontation scientifique toujours basée sur la méthode commune et sur la démarche scientifique.
 
Dans le cas qui nous occupe, les spécialistes sont récupérés par le politique qui, sous prétexte d'avoir l'avis des sachants, les emprisonnent et faussent les échanges contradictoires et les poussent à polémiquer au lieu de débattre, devant l'ensemble de la nation. Il ne s'agit plus de science, mais de contradictions exposées sur les plateaux des radios et télévisions, à tel point que certains se demandent quand est-ce qu'ils sont dans les labos, les hôpitaux à faire leur travail avec leurs équipes...
 
En fait, le pouvoir politique, très habilement, au prétexte de s'entourer des avis les plus autorisés, enferment les sachants dans un système délétère, à commencer par le fameux « Conseil scientifique » dont les débats sont secrets, ce qui ajoute au mystère. Et pour ne pas déparer, le Président de la République, en monarque absolu, dirige un autre « Conseil » ultra secret, lui aussi, qui passe au-dessus du Parlement et met donc ainsi les députés et sénateurs sur la touche. La boucle est bouclée, la démocratie attendra, la France reste dans un état d'urgence permanent !

Nous ne saurons jamais la vérité, tant il y a eu de mensonges ! Rester sur ce terrain mouvant c'est se condamner à la stérilité. Notre débat est ailleurs, parce que le danger est ailleurs :
        • les retraites,
        • l'hôpital public,
        • le système scolaire,
        • la Sécurité Sociale,
        • les services publics
Après cet épisode où le pouvoir a installé la peur et après avoir fait rentrer dans le rang les derniers irréductibles opposés au pass sanitaire. La monarchie dite républicaine aura beau jeu de foncer droit devant et de piétiner les institutions. Il aura la tâche facilitée pour en arriver à ses fins et pourra servir sur un plateau, par exemple, les retraites démantelées et la sécu complètement détruite !

Comment faisons-nous pour trier le bon grain de l'ivraie dans ce fatras d'intox qui circulent sur les réseaux sociaux ?

L
a vérification de l'info est déjà une chose difficile, en temps ordinaire. Dans ce domaine, elle est pratiquement impossible pour les mêmes raisons que plus haut. Ça tombe de toutes parts, il pleut des infox tous les jours, sans que nous puissions faire le tri. D'autre part, les citoyens ne croient plus personne et sont plus disposés à adhérer à telle ou telle explication, du moment que ça contredit les politiques. Pour mesurer l'importance de cette question on ne peut que vous conseiller de vous reporter à l'article de Médiapart :
« Vaccins Covid-19 : pour s’y retrouver face aux fausses informations »

C'est la révolte citoyenne qui est la clé !

Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes pour qu'elle voit le jour. Elle ne se décrétera pas. Elle doit résulter de nos mobilisations sur la dégradation considérable de la situation :
      • pour sortir de la monarchie républicaine, la VIème République !
      • nous n'acceptons pas les restrictions de liberté quelles qu'elles soient (vaccinés ou pas). La démocratie ne supporte pas le pass sanitaire ! Nous sommes dans les manifestations et nous avançons nos propositions !
      • nous continuons de nous battre pour préserver nos retraites !
      • nous défendons notre système de santé : Sécurité Sociale et les moyens nécessaires pour nos hôpitaux !
      • nous voulons un système éducatif public efficace pour la réussite de tous !
C'est donc bien de la RUE que viendra la révolution citoyenne et nous sommes mobilisés pour qu'elle aboutisse au-delà des élections !

JM. Pascal
 
Bonus (par Jean-Luc Quilling in « pédagogie solidaire »)

Parle à mon cul, Herr Kode ! Nos vies, décidément, sont ailleurs
Jusqu’à présent, la technocratie capitaliste nous avait vendu notre auto-incarcération dans le monde machine en l’enrobant de beaucoup de guimauve : nous pouvions commander des sushis et des sex-toys depuis notre technococon, puis demander au tracker de notre ordiphone de compter nos pets et nos pas quotidiens ainsi que les calories brûlées pendant nos galipettes. Combien d’entre nous ont fini par céder à ces offres empoisonnées de confort factice, de pseudo facilitation et d’assistance saugrenue, avec l’illusion d’un pouvoir gagné à coup d’applis sur la maîtrise de nos vies ? Après des années de mièvrerie consumériste, nous voici désormais projetés au stade disciplinaire pur : celui où le système technocratique officialise -avec l’invention d’un passeport intérieur- la menace de démolir la vie sociale de celles et ceux qui ne vivent pas ou pas encore totalement sous prothèse.
La fréquentation des hôpitaux, des cafés, des salles de sport, des campings, des théâtres, des cinémas, etc. est désormais réservée à des systèmes immunitaires validés et numériquement contrôlés. Le biopouvoir avance, fracturant et triant les populations. Nos existences se retrouvent réduites à une survie biologique étrangère à tout ce qui constitue leur richesse et leur profondeur. On ne peut désormais plus profiter d’un simulacre de vie normale qu’une fois injecté et appareillé, en intériorisant le contrôle et la répression. À la suite de ses collègues Cédric O (« Le pass sanitaire est un sésame vers la liberté ») et Gabriel Attal (« Le pass sanitaire, c’est la liberté »), Mme Bachelot déclarait le 9 juillet : « le pass sanitaire, c’est facile » ; « Les Français détiennent entre leurs mains le fait de vivre normalement » ; « Certains se font une montagne du pass sanitaire. Ce n'est pas vrai. On a tous un smartphone ». Tous ? Il tient pourtant encore à chacun d’entre nous d’en avoir, … ou pas. D’avoir quoi donc ? Un ordiphone ? Quelque chose de Tennessee ? Ou bien un reste de décence, et la capacité de dire merde ? 

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