Samuel a été « éliminé » de ce monde - c'est malheureusement bien le terme qu'il faut employer - mais il restera toujours auprès de nous, en bon Hussard noir de la République, pour nous rappeler, au cas où il serait possible d'oublier, que sa mort n'aura pas été vaine !
Les citoyens se sont mobilisés, derrière les enseignants qui ont très vite pris la tête des rassemblements dans toute la France, avec les collègues de son établissement et les habitants de Conflans. La République lui a rendu hommage comme il se devait à la Sorbonne. Un hommage sobre et solennel. Il s'est conclu sur cette phrase du Président de la République : « En France, la lumière ne s’éteint jamais ! » Plus que jamais, nous éclairerons le débat et nous agirons pour que les actes suivent les paroles. C'est l'affaire de tous que de protéger les enseignants qui veulent exercer
leur métier librement, sans la pression des extrêmes quels qu'ils soient.
Pas d'auto-censure qui constituerait une victoire pour les obscurantistes
de l'islam. Désormais, dès qu'un incident se fait jour dans une école,
un établissement, les parents, la communauté éducative ont le devoir
d'être de suite à leur côté, seul moyen pour que le drame de Conflans
ne se renouvelle. C'est un devoir national ! Désormais, nous avons tous, enseignants et parents, le devoir, la mission de nous dresser ensemble pour faire barrage à la barbarie et permettre de continuer à exercer leur beau métier aux Hussards noirs modernes, sans aucune auto-censure. C'est ainsi que les extrêmes de tout bord ne gagneront JAMAIS. Restons LIBRES avec des enfants citoyens LIBRES ! Essayons
de comprendre... Il est légitime de se poser ces simples questions : comment, dans notre pays, a-t-il été possible d'en arriver là ? Comment un jeune de 18 ans a-t-il pu être conditionner pour commettre un acte d'une telle barbarie ? Pourquoi une telle montée du racisme ? Pourquoi entretenir la confusion entre l'Islam et les islamistes ?C'est à ce niveau qu'il faut débattre et ne pas réfugier derrière la fatalité. Cela fait trop longtemps que l'obstacle est contourné, que la poussière est mise sous le tapis. Cette fois, les terroristes de la pensée, les barbares veulent empêcher ce qu'un pays a de plus précieux : que sa jeunesse soit bien éduquée, critique donc libre et maîtresse de son avenir. Ils veulent empêcher les enseignants d'instruire leurs élèves, sous peine de les éliminer froidement, atrocement, comme Samuel et de créer un climat de terreur. Comme pour Charlie, nous ne devons pas courber l'échine et les cérémonies finies, nous n'avons pas le droit d'oublier, mais de nous montrer dignes de Samuel.Que s'est-il passé pour, en si peu de temps, connaître de tels évènements ?La crise économique, le libéralisme, la mondialisation sont parmi les principales causes de la crise morale de la société.Le règne renforcé du fric en est une quatrième cause. Toutes les valeurs sont karchérisées par l'omniprésence de l'argent qui les efface de facto. Que reste-t-il de la solidarité, de la satisfaction du travail bien fait, de la conscience professionnelle, par exemple ? Partout c'est non seulement la course aux profits pour les entreprises et la marche forcée des travailleurs, qu'ils soient ouvriers, employés ou cadres, vers toujours plus de salaire à n'importe quel prix. Ce prix se paie très cher :
C'est ainsi que nombre de jeunes sont livrés à eux-mêmes, prisonniers des marques et grands consommateurs des réseaux sociaux. Ils y prennent la plupart du temps, les infox pour argent comptant, faute d'une culture bien assimilée. De là, il est aisé de glisser vers des extrêmes qui calment leurs inquiétudes légitimes face à un avenir trop sombre pour susciter le moindre espoir.Dès lors comment s'étonner qu'un jeune de 18 ans, des fois moins, soit complètement conditionné par les islamistes qui utilisent ce créneau où leur influence est aisée ? Par conséquence, comment s'interroger sur la différence entre Islam et islamisme et sur la laïcité qui est inscrite dans notre Constitution ? Tout simplement, comment être un bon adulte citoyen ?Ce sont ces questions qui ne trouvent pas leurs réponses. Elles déclenchent un processus infernal : l'individualisme forcené conduisant vers le refus des politiques, des responsables syndicaux et la désertion du terrain des associations.La montée du racisme favorise le rejet de l'autre, des cultures qui ne sont pas nôtresCe phénomène est directement lié aux questions traitées dans le chapitre précédent. L'absence d'idéal conduit à ce comportement d'exclusion toujours accompagné de violence. On est vite tombé dans l'obscurantisme, les ténèbres du savoir qui permettent toutes les déviances, les rejets, les assassinats ! Et la boucle est bouclée !Les savoirs nouveaux masquent une culture bien fragile, voire quasi inexistante. Dans ces conditions, la réflexion se résume, hélas aux slogans des réseaux sociaux...La dévalorisation considérable du statut de l'École nuit gravement à la santé de notre société. Elle se caractérise par une déconsidération des enseignants qui sont très mal payés et très peu défendus par la République. L'école n'est plus respectée par les parents en général, depuis des décennies et la prépondérance des réseaux sociaux n'a fait qu'aggraver le phénomène. Comme il est dit dans l'article suivant :
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"Les pédagogies modernes ont sanctuarisé
la parole des ignorants en contestant
le rôle même des professeurs"
Publié le
Extrait de l'article de Mariane
Abattre un assassin ne suffit pas
« Disons les choses un peu plus crûment. Le droit à, l’expression des élèves, inscrit dans la loi Jospin en 1989, a abouti à un déferlement de grosses bêtises assénées comme des vérités d’évidence, et mises en concurrence avec ce que disent les enseignants. En fait, les pédagogies modernes ont sanctuarisé la parole des ignorants en contestant le rôle même des professeurs. "C’est mon avis" est étayé par "C’est mon droit". C’est mon droit de penser que la Terre est plate, que les Illuminati gouvernent notre monde, et que la charia est une loi supérieure à celle de la République, comme le pensent 40% des élèves musulmans.
De là à découper des professeurs au couteau, dans un rituel d’égorgement inspiré d’Ibrahim / Abraham, il n’y a qu’un pas.
Comment disait Colomba [NDLR : nouvelle de Prosper Mérimé parue le dans la Revue des Deux Mondes puis publiée en volume en chez Magen et Comon], déjà : "Il me faut la main qui a tiré, l’œil qui a visé, le cœur qui a pensé…" Ou, si l’on préfère des termes juridiques modernes, abattre un assassin ne suffit pas : il faut trouver ceux qui lui ont mis, d’une façon ou d’une autre, le couteau à la main et des idées de meurtre dans la tête. Et s’en débarrasser. »
C'est une opinion extrêmement tranchée qui mérite quelques nuances :
- même si les pédagogies nouvelles ont été quelque peu naïves sur le sujet, la responsabilité fondamentale revient, et de loin, à l'État qui n'a jamais cessé de faire de la démagogie, que ce soit par rapport aux enfants qu'avec les adultes. En parallèle, la société, l'opinion, les spécialistes de l'enfance ont fait preuve de prosélytisme sur cette question,
- la mise en cause de la parole des enseignants, remonte, avant même l'avènement d'Internet, aux années 90 où, notamment, les écoles primaires et maternelles étaient tenues de faire signer le projet d'école par les représentant des parents au Conseil d'École (Les conseils d'écoles sont créés par un décret de 1990, dans le cadre de la loi d'orientation sur l'éducation de 1989, abrogé par le décret n° 2008-263 du et intégré au code de l'éducation à l'article D411-1. Wikipédia). Projet pédagogique où les non enseignants n'ont aucune compétence !
- L'arrivée des réseaux sociaux ont carrément pulvérisé la parole des enseignants à laquelle se sont substituées un nombre impressionnant d'affirmations, de contre vérités, de propagande anti enseignants, de tribunes idéologiques combattant l'institution même qu'est l'Éducation Nationale.
- Très rapidement les thèses négationnistes sur le savoir, importées notamment des États Unis se sont développées à la vitesse V. Elles ont donné la main aux idéologues de tout poils, aux obscurantistes et au premier rang des quels on y trouve les mouvements intégristes en général et Islamistes en particulier. La boucle est bouclée et il ne restait plus qu'à éliminer les profs qui font leur métier : c'est fait !
- « ...il faut trouver ceux qui lui ont mis, d’une façon ou d’une autre, le couteau à la main et des idées de meurtre dans la tête » : dire seulement ça n'est pas suffisant ! Il faut les nommer et pas seulement les intégristes, mais aussi le pouvoir politique qui, pour des raisons de politique intérieure, a été laxiste, à la limite de la complicité !
Hommage à Cognac...
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Mercredi
21/10/2020 Parvis de la Mairie de Cognac ©
Crédit photo : C. L |
« Nous tenons tout d'abord à exprimer notre immense tristesse et tout notre soutien à la famille de Samuel. Nous savons que le drame qui touche notre collège bouleverse l'ensemble de la profession. Nous avons été, comme vous tous, sous le choc de cet acte odieux qui dépasse l'entendement. La décence envers la famille de notre collègue, le respect des procédures de l'enquête, la prise en compte du traumatisme de l'ensemble de la communauté éducative nous ont amenés à différer notre prise de parole. Samuel était un collègue investi dans sa mission auprès des élèves. Nous garderons en mémoire tous les bons moments partagés avec lui. Le socle de l'école publique repose sur les valeurs républicaines et laïques. Ce sont bien ces valeurs que défendait Samuel dans son enseignement sur la liberté d'expression. A travers lui, c'est toute l'école républicaine qui est visée. Aujourd'hui, nous réaffirmons, plus fort que jamais, notre attachement à ces valeurs et notre détermination à les transmettre au quotidien dans l'intérêt des élèves. Par ailleurs, nous exprimons notre vive inquiétude face à l'impact des réseaux sociaux. La rapidité avec laquelle l'information est diffusée au plus grand nombre, et son aspect irréversible, sont un véritable fléau dans l'exercice de notre métier. Aussi, nous réclamons le droit d'exercer notre profession dans le respect de la liberté pédagogique et en toute sécurité. Enfin, nous tenons à remercier chaleureusement tous ceux qui nous ont témoigné leur soutien au cours de ces derniers jours. » Ce texte a été lu à l'initiative d'un enseignant, car c'était une façon que tous les personnels de l'établissement soient parmi les Cognaçais.
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Merci pour cet hommage et cet éclairage limpide.
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